Avant-propos

de Serge Klarsfeld

        
          L’ouvrage de Paul Schaffer trouvera certainement son public, un vaste public et, de préférence, un public de jeunes.
          En dépit des décennies qui se sont écoulées, Paul Schaffer a écrit un livre de jeune pour retracer ce parcours extraordinaire du XXe siècle d’un garçon né et élevé à Vienne selon les critères d’une excellente éducation juive autrichienne, puis adolescent projeté de la France rurale du Sud-Ouest dans l’enfer concentrationnaire de Birkenau, privé à jamais de son père, de sa mère et de sa sœur.
          Le miracle de cette lecture tient à la sincérité de Paul : c’est à elle que l’on doit d’être pris par la main par Paul, dès les premières pages, et de faire le chemin, tout le chemin sans lâcher cette main et en regardant ce qu’il a vu avec ses yeux.
          Sincérité, intensité, pudeur, sensibilité caractérisent Paul, qui a traversé tant d’épreuves en conservant toujours une dignité innée et renforcée encore dès la plus tendre enfance par un milieu familial empreint de l’humanité la plus chaleureuse.
          Paul a connu les mauvais traitements par les policiers autrichiens, allemands, par les gendarmes français, par les SS, par les kapos, mais ne s’est jamais abaissé au rang bestial que les nazis voulaient lui faire atteindre.
          La haine n’a pas dévoré son cœur et lui a permis de construire une vie familiale et professionnelle heureuse et créative, tout en assumant pleinement ses responsabilités de déporté rescapé, en particulier sur le plan pédagogique.
          Les récits d’anciens d’Auschwitz appartiennent en réalité à une catégorie qui n’existe pas encore : celle de récits de voyageurs interplanétaires qui décriront les êtres et les mondes qu’ils auront visités. Les survivants d’Auschwitz sont les seuls à être revenus d’une autre planète, une planète terrifiante, la planète Auschwitz.
          Parmi ces survivants, ceux qui ont le courage de témoigner nous aident à entrevoir ce que fut cette planète, qui restera encore longtemps à explorer.
         
          Merci Paul Schaffer.